Elles et ils témoignent

Entretien avec Laura, promo 2021

Au-delà de la pédagogie « Tête-Corps-Cœur », le T-Campus n’est pas juste une formation où j’aurai reçu des cours d’intervenants de haute volée tels qu’Alain Grandjean, etc. J’ai avant tout vécu une expérience humaine, unique, magique. Je sais que le T-Campus va rester comme un espace et un moment-ressource dans ma vie, que ce soit avec le groupe ou avec les personnes rencontrées dans les écolieux : je pourrai toujours les appeler si j’ai besoin d’eux et inversement. C’est hyper enrichissant et soutenant pour mieux appréhender l’avenir.

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Laura Bezault, participante promotion 2021

Témoignage de Yolène, promo 2020

Un campus de formation en ligne ? Challenge accepted. En novembre 2019, j’ai candidaté au T-Campus, une formation organisée par le Campus de la Transition et Colibris. J’ai reçu la réponse quelques jours après noël. J’avais cette certitude qu’en avril 2020, je débuterai une fabuleuse expérience de presque 3 mois. Puis, quelques semaines après avoir été acceptée, le COVID-19 apparaissait à l’autre bout du monde. Cette formation qui devait m’aider à définir mon projet de vie semblait de plus en plus compromise. Mais le 27 avril à 9h15, j’ai vu une quarantaine de vignettes s’afficher sur mon écran, “bon matin les t-campeurs”, l’aventure commençait ! Il y a trois semaines, nous ne nous connaissions pas. Il y a trois semaines, nous étions chacun de nos côtés, souvent paumés. Il était déjà difficile d’expliquer ce qu’est le T-Camp mais cette promo l’est encore plus, laissez-moi essayer (lire la suite)

Solène Chesneau, participante promotion 2020

Rapport d’étonnement de Constance, promo 2019

L’exercice ? Parler à la première personne de son expérience de ces deux mois d’immersion dans les enjeux de la Transition économique, écologique, sociale et humaniste.

Constance, une des deux professionnels qui a suivi la formation majoritairement composée d’étudiants, nous livre son rapport d’étonnement :

37 ans : presque une demi-vie avant de m’extraire de l’ancien monde à bout de souffle. Un monde dont des pans entiers dégringolent et disparaissent en silence, dans le brouhaha de milliards de conversations, inconscientes du vivant à l’agonie. 37 ans à expérimenter et à construire un être, qui avait bientôt fini par se lover dans un cocon chaud et confortable, pour jouir de ses privilèges.

Une fois franchies les strates de la pyramide, le mirage de la reconnaissance de ses pairs, les conditionnements empilés en couches irrégulières. Elle me nargue, me colle au corps, ouvre des interstices de lucidité, puis repart, comme un va-et-vient entre deux espaces en complète dissonance.

Le bourdonnement de la conscience de l’état du monde se rapproche et s’infiltre, par éclair ou gifles sévères, ouvrant des brèches profondes dans mon train-train quotidien. Rappels ô combien nécessaires quand l’oiseau d’acier s’envole chaque minute depuis le tarmac, devant la fenêtre de mon bureau.

Le confort d’un statut, l’appartenance à une meute de cadres fiers et pressés, je travaille à la porte du monde, et peux à tout moment m’échapper par les airs, rejoindre en quelques heures l’autre bout du monde sans être redevable de rien, dans un déni tout à fait sincère. Gagner sa vie, ne pas avoir à compter, nourrir un flot incessant
d’envies à assouvir, dans une indifférence des inégalités presque assumée, tant je ne me sens pas responsable. Moi, moi, moi et la quête du bonheur comparé auquel j’ai droit.

En reconstituant la grande fresque de causes à effets que planque vicieusement chaque acte de mon quotidien, je réalise peu à peu la toile de dépendances et de contradictions dont laquelle je suis prise, collée. Juillet 2018, jour du dépassement, je calcule mon bilan carbone à deux reprises. Et malgré tous mes efforts : 2,9 planètes.
Si je fais partie des 0.20% les plus riches de la planète (12 050 935ème / 7,637 milliards) c’est que je suis le problème, c’est que mon mode de vie la déglingue. Un sentiment nauséeux me traverse de très loin comme pour faire parler les quelques milliards de ‘sans rien’, sur le dos de qui je danse avec une inconsciente indécence

Changement d’état d’un système en physique. L’énergie qu’il va alors me falloir mettre en œuvre pour m’extraire
de cette vie est COLOSSALE ; nager à contre-courant d’une masse frappée du déni de réalité, s’imposer la violence d’un changement radical, jouer à réduire tout ce qui peut l’être, déprogrammer les croyances et sortir de cette matrice qui n’a plus de repères. La décision de se retirer d’un système individualiste infini se paie, il faut s’accrocher fermement à de nouveaux rocs et trouver une source claire, un sas protecteur où expérimenter la sobriété et la puissance créatrice d’un collectif.

Campus. Nouvelle matrice. La zone de ré-apprentissage est tellement vaste qu’elle est vertigineuse. Qu’est-ce que je sais d’utile pour le monde ?

Trou béant, les connaissances acquises depuis des années s’envolent au rythme de ma respiration. Le superflu se décolle laissant apparaitre une chrysalide toute molle et fragile. Après le choc, prendre une grande respiration et plonger sous la surface, tout est là. Réapprendre en profondeur, retrouver une place, reconstituer un noyau dur et fertile, une réserve d’énergie vibrante, tisser de nouvelles toiles, les superposer, les rendre solides. Ici je suis en sécurité pour être et refaire fratrie. La richesse du groupe m’émerveille, tantôt m’annihile, tantôt m’émancipe. Fermer sa gueule, regarder, se faire accepter en plein chantier, frôlant le trop plein, implosion en temps réel des certitudes passées. Peurs primaires bientôt remplacées par le partage des communs, la transmission des connaissances, la non-concurrence, l’addition des intelligences, la libération des émotions, l’expérience de l’entraide. A Forges, nous créons les fondations d’une nouvelle société consciente en s’abreuvant à une source claire, en s’acclimatant sobrement aux conditions d’une nouvelle réalité. J’ai plusieurs fois perdu confiance devant la tâche immense. Comment avaler en huit semaines un éléphant de connaissances ? Le temps long ne joue pas avec l’urgence. Respecter son rythme alors, trouver un biotope d’accueil, s’y poser et « exploser », comme dirait Yann de l’éco-lieu du Viel Audon, en l’irradiant d’une énergie constante, parsemée de quelques secousses nécessaires. Est-ce qu’une transition douce est possible ? Je ne crois pas. Le changement est violent, il détruit et reconstruit. Il demande une grande énergie. L’existence de zones tampon entre deux mondes, comme ici, traits-d’union incorruptibles qui créent les conditions d’un refuge pour opérer sa transformation avant de se donner toute entière au soin du monde. Chacun devrait faire son T-Camp pour basculer, et se parer à transmettre. Refaire confiance dans la beauté du commun, du partage, du minimalisme et de l’effort. D’où je serai, chers compagnons de mon intime transition, je serai toujours là pour vous. Merci, merci beaucoup.

Constance M., 25 mai, T-Campus 2019

Témoignages d’intervenant.es

Deux traits remarquables du T Campus sont la variété des personnes réunies là, chacune porteuse d’une riche expérience, et le haut degré de motivation des participant.es. Si l’on ajoute à cela la qualité d’une équipe d’encadrement et de formation remarquablement plurielle et ouverte à la nouveauté, on comprendra que je ne puisse que recommander aux personnes motivées par les enjeux de la transition de passer par ce lieu et de s’y nourrir.

Benjamin Coriat – économiste, intervenant T-Campus 2019, 2020 & 2021 sur la notion des communs et de bien commun, à propos de la formation T-Campus et du Campus de la Transition. 

La force du T-Campus, c’est de donner à vivre une expérience complète et d’aborder la transition dans son ensemble. La complémentarité d’apports intellectuels par de grands spécialistes, de la participation active à la vie collective d’un écolieu et de pratiques et expériences très concrètes, notamment via des voyages dans des oasis, en font aujourd’hui une formation unique. Le T-Campus est une formation pour trouver un travail qui fera du sens mais aussi une formation pour « apprendre à vivre », un manuel ouvert et vivant pour clarifier son mode de vie et renforcer son engagement dans la société. Si je mets le T-Campus en regard du cheminement que j’ai vécu à la fin de mes études, je vois que c’est une chance énorme de gagner autant de temps : en seulement 2 mois ils vont rencontrer tellement de personnes inspirantes et tisser des liens incroyables !

Matthieu Labonne – Président de la Coopérative Oasis, ancien directeur de Colibris, co-fondateur du T-Campus

Ce qui me paraît le plus original dans le T-Campus, c’est l’esprit de proximité qui est instauré entre les étudiant.e.s et l’intervenant.e. La parole y est beaucoup plus libre que dans d’autres structures où le principe de hiérarchie inhibe parfois les échanges. J’ai rarement entendu autant de questions, ni constaté un tel désir de « faire partie » littéralement du cours ! De ce point de vue, enseigner au T-Campus est une expérience qui peut paraître déstabilisante, car on n’y vient pas avec des principes déjà tout prêts qu’il suffit de transmettre tels quels aux élèves. Il faut accepter de se laisser toucher, soi-même, voire bouleverser par certaines questions. Mais l’esprit général est de travailler de manière constructive; les débats ne sont pas stériles, ils visent à produire des savoirs communs et partagés, donc forcément renouvelés. Je recommanderais très sincèrement cette expérience, où l’acte d’enseigner est lui-même l’objet d’un beau travail intérieur, personnel et collectif !

Emeline Baudet – Docteure en littérature générale et comparée, intervenante sur les imaginaires et les nouveaux récits de la transition écologique

Le T-Campus est une formation à nulle autre pareille dans l’enseignement supérieur en France. À la croisée d’une approche académique de haut niveau et d’expérimentations locales dans divers écolieux, le T-Campus vise à offrir aux étudiant.es non seulement une vision systémique des enjeux de transition, sur le fond, mais également dans ses modalités. De là, il est question de les accompagner dans leur discernement quant à un engagement plus authentiquement au service de cette transition vers un monde plus juste et plus humain. Les expériences passées des dernières années montrent non seulement le caractère transformateur pour chacun des étudiant.es de cette formation, mais aussi pour l’ensemble d’entre eux.elles en tant que groupe.

Pierre-Jean Cottalorda – Enseignant-chercheur, Responsable académique du Campus de la Transition

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